Témoin à la cour d’assises : obligation et audition à un procès pénal

Être cité comme témoin devant la cour d’assises soulève de nombreuses questions. Qui peut être convoqué ? Quelles sont vos obligations ? Comment se déroule l’audition ? Et surtout, comment bien s’y préparer ? Qu’il s’agisse d’un témoignage direct sur les faits ou d’un éclairage sur la personnalité d’une personne impliquée, votre parole est prise en compte par la justice. Elle peut influencer la décision finale des jurés comme des magistrats.

tribunal pénal français avant le début d’un procès


Qui peut être cité comme témoin devant la cour d’assises ?

 

Témoin des faits, témoin de moralité : quelles différences ?

En droit pénal, on distingue deux catégories principales de témoins : le témoin des faits et le témoin de moralité. Le témoin des faits est celui qui a assisté à une scène, entendu des propos ou observé des comportements liés directement à l’infraction. Il intervient pour relater des faits objectifs qu’il a personnellement constatés. À l’inverse, le témoin de moralité est appelé à se prononcer sur la personnalité de l’accusé ou de la victime : caractère, habitudes, antécédents, réputation. Ces deux types de témoignage peuvent coexister dans une même audience et s’avérer décisifs pour l’évaluation de la crédibilité ou du mobile de l’une des parties.

Toute personne ayant des informations utiles peut être citée

A une audience  d’assises, toute personne qui détient des informations pertinentes pour l’affaire peut être appelée à témoigner. Le ministère public, la défense ou la partie civile peuvent demander la citation de témoins à l’audience. Cette citation se fait par lettre recommandée avec accusé de réception, par exploit d’huissier ou convocation officielle émise par le greffe.

Peut-on refuser de témoigner lors d’un procès pénal ?

Vous êtes convoqué comme témoin et vous avez des inquiétudes ? Un avocat peut vous informer sur vos droits et vos obligations.

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En principe, toute personne citée est tenue de comparaître. Le refus de témoigner sans motif légitime constitue un délit puni d’une amende. Il existe cependant des exceptions : les proches parents de l’accusé (conjoint, enfants, ascendants, etc.) ne peuvent être contraints à témoigner. Par ailleurs, certaines professions protégées – médecins, avocats, ministres du culte – peuvent invoquer le secret professionnel. Dans tous les cas, l’absence non justifiée expose le témoin à des sanctions et à un possible mandat d'amener.

Que faire si le témoin a un motif légitime pour ne pas venir ?

En cas d’impossibilité réelle de comparaître – hospitalisation, déplacement à l’étranger, contraintes professionnelles lourdes – il est nécessaire d'informer le greffe le plus tôt possible par demande écrite, accompagnée de justificatifs, au président de la cour d’assises. La demande sera examinée, et une décision de dispense, de report ou de témoignage par visioconférence pourra être prise. Ignorer la convocation sans réaction préalable reste une erreur à éviter.


Comment se déroule l’audition d’un témoin à l’audience ?

 

Vous ne savez pas à quoi vous attendre lors de l’audience ? Préparez-vous sereinement avec l’aide d’un avocat pénaliste.

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Pour situer votre intervention, il est utile de connaître les étapes d’un procès en cour d’assises dans leur ensemble.

Présence du témoin : obligations et sanctions en cas d’absence

Une fois cité, le témoin est tenu de comparaître sauf cas de force majeure. Il est également possible de reprogrammer la comparution sous contrainte judiciaire. Le témoin est une composante essentielle de la manifestation de la vérité : sa présence est donc prise très au sérieux par les juridictions pénales.

Déroulement de l’audition des témoins lors d’un procès

Le jour de l’audience, le témoin est appelé à la barre, il prête serment (« Je jure de dire toute la vérité, rien que la vérité ») sauf s’il en est dispensé pour raisons légales. L’audition est dirigée par le président de la cour, qui commence par poser les premières questions. Ensuite, le ministère public, les avocats de la défense et de la partie civile peuvent intervenir. La personne est invité à témoigner sur les faits avec précision, dans l’ordre chronologique, et sans interprétation personnelle.

Questions posées par les magistrats, avocats et partie civile

Les questions adressées doivent porter exclusivement sur les faits en lien avec l’affaire. Les parties cherchent à établir la fiabilité du témoignage ou en révéler les contradictions éventuelles. L’objectif n’est pas de mettre en accusation, mais d’éclairer la cour sur les circonstances du dossier.

 


Quels sont les droits du témoin pendant le procès ?

 

Le témoignage peut aussi intervenir dans le cadre des droits de la victime et de sa constitution de partie civile.

Peut-on témoigner anonymement devant la cour d’assises ?

En principe, le témoignage est public et le témoin est identifié à l’audience. Toutefois, la loi prévoit des exceptions en cas de danger. Le président de la cour peut autoriser un témoignage à huis clos, une dissimulation de l’identité ou une audition par visioconférence.

témoignage anonyme à la cour d'assises

Droit à une protection ou à une dispense dans certains cas

Lorsqu’un témoin est menacé ou exposé à des pressions, il peut bénéficier de certaines protections. Le code de procédure pénale permet de dispenser certains témoins de comparaître physiquement, notamment pour raisons médicales ou en cas de grand âge. La demande doit être motivée et adressée au président de la cour d’assises. Une audition écrite ou une visio-audience peut alors être envisagée.

Droit à des indemnités : transport, perte de salaire

Le témoin convoqué devant la cour d’assises a droit à une indemnité compensatoire. Elle couvre les frais de transport (train, essence), de repas, ainsi que la perte de revenus éventuelle liée à l’absence au travail. Le barème est fixé par arrêté ministériel. Le greffe remet généralement un formulaire à remplir à la fin de l’audience.

Que faire en cas d’intimidation ou de pression extérieure ?

Toute tentative d’intimidation ou de pression sur un témoin peut constituer une infraction. Il convient d’en informer immédiatement les autorités (police, parquet, greffe). Une plainte peut être déposée et des mesures de protection prises.


Conseils pratiques pour témoigner sereinement à l’audience

 

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Préparer son témoignage : clarté, neutralité, vérité

Un bon témoignage repose sur trois qualités fondamentales : la clarté, la neutralité, et la sincérité. Il faut relater les faits de manière structurée, sans se laisser emporter par l’émotion ou l’envie de convaincre. Il ne s’agit pas de défendre une cause mais de dire ce qui a été vu, entendu ou vécu. Mieux vaut préparer son propos, en s’aidant si besoin de notes.

Savoir répondre aux questions sans se laisser déstabiliser

L’audience peut être impressionnante, et les questions parfois déstabilisantes. Il est important de rester concentré sur les faits, de ne pas s’emporter, et de demander à reformuler une question si elle n’est pas claire. Le président est garant du bon déroulement des échanges : il peut intervenir en cas de difficulté ou si une question dépasse les limites fixées par la procédure.

S’exprimer devant les jurés et les magistrats

Le témoin s’adresse à l’ensemble de la cour : jurés citoyens et magistrats professionnels. Il n’est pas nécessaire d’utiliser un langage juridique : ce qui compte est la précision du propos. Le témoignage peut influencer l’issue du procès, car il peut être perçu comme un élément de vérité. Il faut donc le prendre au sérieux.

Que faire après avoir témoigné : droits, suivi et confidentialité

Une fois son audition terminée, le témoin peut quitter la salle sauf si la cour lui demande de rester disponible. Il peut s’entretenir avec le greffe pour percevoir ses indemnités, ou signaler un besoin particulier. Si des difficultés ou pressions surviennent après le procès, il est possible de saisir à nouveau les autorités compétentes pour signaler les faits et demander une protection.


FAQ

 

Que risque-t-on en cas de faux témoignage lors d’un procès pénal ?

Un faux témoignage lors du procès est un délit pénal passible de lourdes sanctions. Mentir lors d’un procès devant la cour d’assises ou devant le tribunal correctionnel peut entraîner jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende. Ce risque concerne tous les témoins, même s’ils interviennent sous pression.

Comment sont fixés le lieu et la date d’un procès devant la cour ?

Le lieu et la date du procès devant la cour d’assises sont précisés dans la convocation officielle. Le document indique aussi où se tient le procès, généralement au tribunal judiciaire du département concerné. Toute citation doit être faite selon des formes prévues par le code de procédure pénale.

Que faire si le témoin doit engager des frais pour venir au tribunal ?

Un témoin peut demander au tribunal une avance sur les frais de transport dépensés pour venir, notamment s’il vient de loin ou subit une perte de salaire ou de traitement. Le remboursement couvre les déplacements pour venir témoigner, sur présentation de justificatifs. Le greffe est chargé du versement des indemnités.

Un mineur peut-il être auditionné lors d’un procès pénal ?

Oui, un mineur de moins de 16 ans peut être auditionné lors d’un procès devant la cour, s’il détient des informations utiles. L’audition doit se faire dans des conditions adaptées, avec l’autorisation du président du tribunal. Des aménagements sont possibles pour garantir la sécurité psychologique de l’enfant.

Quelle différence entre tribunal correctionnel, tribunal de police et cour criminelle ?

Le tribunal correctionnel juge les délits, comme les violences simples ou les escroqueries. Le tribunal de police est compétent pour les contraventions, tandis que la cour criminelle (créée récemment) juge certains crimes sans jury, contrairement à la cour d’assises. Une infraction peut donc être poursuivie devant le tribunal de police ou devant une autre juridiction, selon sa gravité.